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L’Europe, un « leader du monde libre » en devenir ?

  • Collectif
  • 26 mai
  • 4 min de lecture

Tribune publiée dans Le Monde en date du 26 mai 2025, sous le titre « Pour devenir le nouveau leader du monde libre, l’Europe doit agir avec courage et conviction »



Dans une période d’incertitude politique internationale, l’Europe se trouve à un tournant décisif. Alors que le leadership mondial des États-Unis vacille, l’Europe doit saisir l’opportunité de devenir la championne de la démocratie, des droits humains et des libertés – un véritable nouveau leader du monde libre. Nous exhortons les dirigeants européens à embrasser cette nouvelle responsabilité et à prendre des mesures décisives pour défendre les valeurs qui définissent nos sociétés. 


Aujourd’hui, en 2025, nous constatons avec tristesse que les États-Unis, autrefois leaders du monde libre, se sont de plus en plus rapidement mis en retrait de leurs responsabilités internationales. Pire, sous la nouvelle administration Trump, les États-Unis n’ont eu de cesse de s’aligner sur les narratifs autoritaires de Vladimir Poutine, ont coupé des financements cruciaux pour les initiatives internationales, ont agi contre la Cour Pénale Internationale (CPI), ont cessé de soutenir plusieurs journalistes, et ont menacé d’expulser des réfugiés politiques et des chercheurs. Ce repli a laissé un vide dans la gouvernance mondiale que seule l’Europe peut désormais combler.


L’Europe a l’opportunité de réaffirmer son engagement envers la Charte européenne des droits fondamentaux. Cela implique de se dresser fermement contre les régimes autoritaires qui répriment la dissidence, violent les droits de l’homme et sapent les institutions démocratiques. L’UE doit assumer sa force diplomatique et économique et l’utiliser pour faire pression sur ces régimes afin qu’ils respectent le droit international et les normes des droits humains. La guerre en Ukraine, en particulier, est un test de la détermination de l’UE. La lutte de l’Ukraine pour sa souveraineté et ses valeurs démocratiques est notre combat. Les pays européens doivent accroître leur soutien à l’Ukraine et placer les valeurs humanistes au cœur des négociations de paix, comme le demande « People First », une campagne internationale portée par des ONG ukrainiennes et russes unies pour appeler d’une seule voix à ne pas oublier les otages de cette guerre.


Conformément au droit international, l’Europe doit exiger la libération immédiate et inconditionnelle de tous les civils ukrainiens capturés et détenus illégalement par le Kremlin. Ceux dont les foyers se trouvent dans des zones illégalement occupées par la Russie doivent avoir la possibilité de les quitter pour rejoindre des zones contrôlées par le gouvernement ukrainien s’ils le souhaitent. Tous les enfants illégalement transférés ou déportés doivent être rendus, et le rapatriement rapide des prisonniers ukrainiens déportés et des patients des institutions médicales fermées doit être assuré. L’UE doit également plaider pour le rapatriement des prisonniers de guerre par le biais d’échanges ou d’autres moyens, dès que possible, et au plus tard à la fin des hostilités actives, comme l’exigent les Conventions de Genève.


Les prisonniers politiques russes doivent eux aussi être libérés et ne faire l’objet d’aucune restriction de leur liberté de mouvement, y compris avoir la possibilité de voyager à l’étranger. De même des prisonniers politiques biélorusses et des activistes, journalistes et défenseurs des droits de l’homme géorgiens : tous ceux persécutés par le régime de Poutine et ses alliés doivent être soutenus. En travaillant à leur liberté, l’Europe occupera sa juste place dans les négociations de paix, puisqu’elle agira non pas en vue d’obtenir de potentiels bénéfices financiers, comme le font les États-Unis, mais pour les droits de l’homme.


Pour devenir le véritable nouveau leader du monde libre, l’Europe doit augmenter considérablement le financement des chercheurs et des ONG travaillant sur la démocratie, les droits de l’homme et les questions de société civile, et attirer plus de talents de l’étranger, y compris des États-Unis et des régimes autoritaires. Ces organisations sont en première ligne dans la bataille pour la liberté et méritent un soutien robuste. En investissant dans la recherche et la société civile, l’UE peut élever un bouclier démocratique contre l’extrémisme et l’autoritarisme, en aidant des femmes et des hommes à être mieux informés et à s’engager pour la démocratie, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières.


Cela concerne également les réfugiés et les demandeurs d’asile, en particulier ceux qui craignent l’extradition vers des pays autoritaires. Nous ne devons pas tourner le dos à ceux qui fuient les persécutions en raison de leurs actions pros démocratiques et anti-guerres. L’UE doit adopter une politique d’accueil des réfugiés plus humaine et plus complète qui privilégie la protection et l’intégration. Cela inclut de garantir qu’aucun réfugié ne soit renvoyé de force en Russie ou au Bélarus, où ils pourraient subir de nouvelles persécutions. De plus, des journalistes qui ont longtemps été des voix pour la liberté et la démocratie dans des régions où ces valeurs sont menacées doivent être accueillis et soutenus. Cela enverrait un signal fort quant à l’engagement de l’UE en faveur de la liberté des médias et de la libre circulation de l’information.


Aujourd’hui, l’Europe a le potentiel d’être le nouveau leader du monde libre, mais elle doit agir avec courage et conviction. En défendant les droits de l’homme, en soutenant l’Ukraine, en renforçant les chercheurs et les ONG, en adoptant une politique d’accueil des réfugiés plus humaine, en défendant la liberté des médias et en renforçant l’État de droit, l’UE peut affirmer son rôle de leader mondial. Nous exhortons les dirigeants européens à saisir ce moment et à défendre les valeurs qui font partie intégrante de notre identité. Le monde nous regarde, et l’avenir de la liberté et de la démocratie est en jeu.



Signataires :


Alice Barbe, cofondatrice de l’association Singa et de l’Académie des futurs leaders ;

Jean-Marc Borello, président du directoire du Groupe SOS ;

Tamara Demuria, présidente de l’association Géorgie vue de France ;

Zhanna Nemtsova, cofondatrice de la Fondation Boris Nemtsov pour les libertés (Allemagne) ;

Olga Prokopieva, directrice de l’association Russie-Libertés et à l’initiative de cette tribune ;

Sylvie Rollet, présidente de Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre ;

Kety Sharukhia, secrétaire générale de Géorgie vue de France ;

Vera Yastrebova, directrice du Eastern Human Rights Group (Ukraine).

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