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L'émergence d'un axe néo-totalitaire : la bataille contre l'Ukraine, l'Europe et la démocratie

  • Pierre Raiman
  • 22 mars
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 1 avr.


Dans le paysage en constante évolution de la géopolitique mondiale, une nouvelle menace émerge : l'axe néo-totalitaire reliant Moscou, Téhéran, Pékin et Pyongyang. Cette alliance représente un défi systémique au droit international et aux valeurs démocratiques, cherchant à saper l'ordre mondial fondé sur des règles par une agression coordonnée et une coopération stratégique. Au cœur de ce défi se trouve la guerre en Ukraine, un champ de bataille critique qui symbolise la lutte plus large entre les ambitions autoritaires et la souveraineté démocratique.


1. Le fait que nos ennemis, ceux de l’Ukraine et de l’Europe forment un axe et ce que nous pouvons en déduire

2. La nature totalitaire du régime de Poutine et ce que cela implique tant sur le plan de la guerre que des perspectives de cessez-le feu et au-delà pour l’Europe

3. La situation Américaine à grands traits

4. Le carrefour où se trouve l’Europe et donc les différentes voies qu’elle peut prendre, de la soumission à Poutine /À Trump… Jusqu’à un soutien complet et renforcé à l’Ukraine et ce que tout cela implique


1. L'axe néo-totalitaire : une menace planétaire


Ce qui se déroule en Ukraine n'est pas un conflit isolé. Nous assistons à l'émergence d’un axe néo-totalitaire. Cet axe relie Moscou, Téhéran, Pékin et Pyongyang dans une entreprise commune et impérialiste visant à saper l'ordre international fondé sur des règles, étendre leurs dominations sur des nations et installer ou conforter leurs régimes de terreur.


La collaboration entre ces régimes n'est pas accidentelle. En Ukraine, les drones iraniens, les missiles nord-coréens et les composants électroniques chinois alimentent la machine de guerre russe. Emmanuel Macron a eu une formule juste dans sa récente allocution, la Russie a déjà créé une guerre mondiale. Cette coopération s'étend au-delà de l’agression contre l’Ukraine : soutien diplomatique mutuel, exercices militaires conjoints, contournement des sanctions occidentales, et alignement des narratifs de propagande.


Ces puissances, malgré leurs différences, partagent une vision commune : un monde où la force prime sur le droit, où les sphères d'influence remplacent la souveraineté des nations et où les démocraties sont affaiblies et divisées. Leur convergence crée un nouvel axe de bouleversement qui transforme fondamentalement le paysage géopolitique.


La signification de cette alliance est claire : nous ne sommes pas simplement témoins d'une guerre régionale qui plus est négationniste et terroriste, mais d'un défi systémique aux fondements du droit international, et des valeurs démocratiques et libérales. C’est une contre-révolution mondiale qui est à l’œuvre et qui peut vaincre dans les 10 ans à venir si elle n’est pas défaite. En ce sens, l'avenir de notre vaillante Ukraine est l’avenir du monde.


2. Comprendre la nature totalitaire du régime de Poutine et ses implications est un enjeu sous-estimé par les Européens.


La Russie de Poutine n'est pas simplement un État autoritaire - elle manifeste des caractéristiques profondément totalitaires. Ce "ruscisme", comme l'appellent les Ukrainiens, combine l'impérialisme russe, un révisionnisme historique agressif, et un contrôle total de la société, avec des traits fascistes et racistes, un héritage et un contrôle policier stalinien, une militarisation extrême de la jeunesse et de l’économie, elle même sous la coupe d’une caste mafieuse.


Les implications sont graves. Premièrement, un régime totalitaire ne peut se permettre d'échouer sans mettre en péril sa légitimité. Pour Poutine, la défaite en Ukraine est existentielle - non seulement pour son régime, mais pour sa vision d'une Russie impériale restaurée.


Deuxièmement, la nature totalitaire du régime explique pourquoi il mène une guerre totale contre les civils ukrainiens : destruction des infrastructures, déportation d'enfants, torture systématique. Ces actes ne sont pas des "excès" mais des éléments constitutifs d'une guerre visant à détruire l'identité ukrainienne. Les narratifs diplomatiques qui veulent “ramener Poutine à la raison” passent à côté de la réalité, parce qu’ils ne comprennent pas la logique et la raison totalitaire. Les soi-disants “réalistes” et auto-proclamés pacifistes sont au-mieux des naïfs qui vivent dans le monde irréel d’une diplomatie transactionnelle qui à fait déjà faillite le 24 février 2022.


Troisièmement, ce divorce du réel s’incarne douloureusement dans le sort des victimes du terrorisme russe. Les femmes violées, les prisonniers violés et torturés, les civils assassinés, les enfants déportés et russifiés ne sont pas seulement des crimes contre l’humanité, ils sont le résultat du Mal totalitaire et celui-ci ne peut-être apaisé, comme l’ont signifié il y a deux mois 160 intellectuels Ukrainiens dont notre ami Konstantin Sigov. L’erreur des réalistes est souvent de condamner ces crimes mais de les reléguer au domaine humanitaire, voire juridique et de les évacuer du domaine politique et de la sphère diplomatique. En conséquence, leur pensée stratégique est aveuglée. C’est ce qui conduit à affirmer et vouloir croire contre les faits que la guerre de Poutine est avant tout territoriale.


Sur ce plan le succès majeur de ces dernières semaines est l’émergence du sort des enfants déportés dans les négociations diplomatiques. C’est depuis le début, notre combat et un immense espoir pour ces enfants, mais c’est bien plus, c’est un enjeu majeur pour l’Ukraine et une défaite de grande ampleur, systémique, pour Poutine, s’il était forcé à céder.


Quatrièmement, un cessez-le-feu est-il atteignable ? La réalité militaire de la guerre où aucun des deux camps ne l’emporte incline à penser Oui. Mais le régime poutiniste est pris dans des contradictions structurelles. D’un côté son économie est en grave difficulté. Totalement militarisée, l’effort de guerre représente 70% du budget. L’inflation atteint officiellement 10%, mais le taux d'intérêt de la Banque Centrale Russe est de 21%. L’inflation réelle est donc bien supérieure. Pour financer la guerre, le gouvernement émet des obligations d'État, les banques russes les achètent et les utilisent comme garantie auprès de la banque centrale pour obtenir des liquidités et prêter aux industries de guerre. La banque centrale, celle qui est toujours propriétaire des fameux avoirs, crée donc de la monnaie pour financer indirectement l'État, mais alimente mécaniquement l'inflation. Les réserves financières réelles s’effondrent de plus des deux tiers, une chute masquée par la hausse du cours de l’Or, une réserve qui n’est pas liquide. Donc le facteur économique va dans le sens d’un cessez-le-feu. Mais la logique négationniste de Poutine l’empêche, sauf à pouvoir proclamer une victoire sur l’Ukraine par sa neutralisation. Et ce ne serait qu’une pause tactique de quelques années au +. Au cours de celles-ci, la Russie ne convertira pas son économie pour la paix; Emportée comme un paquebot sur son erre, elle produira toujours plus de bombes et de missiles. Ce sera une pause tactique avant un nouvel assaut en Ukraine ou ailleurs. Pour paraphraser Raymond Aron, disons, trève incertaine, Paix irréaliste.


3. Le facteur américain


La position américaine traverse une période de profonde incertitude. La politique de l'administration Trump semble s'orienter vers un désengagement progressif des affaires européennes et un rapprochement avec la Russie.


Dans une histoire encore loin d’être écrite, on ne discerne que les grands traits.

- Une approche “business”, prédatrice des ressources minières et énergétiques.

- Une forme de pacifisme aussi obsessionnel que dégénéré qui fait abandonner tout rapport de forces vis-à-vis de Poutine.

- Une méconnaissance, tant des réalités historiques – Les agressions et crimes du régime poutiniste – que de la situation concrète de l’axe néo-totalitaire, dont la convergence anti-occidentale est profonde.

- Un flirt idéologique avec le narratif et la propagande poutinienne.

- Un vain espoir de dissocier la Russie de la Chine, le fameux “Kissinger reverse” dans un contexte qui le rend improbable

- Un abandon des valeurs américaines aux États-Unis et dans le monde.

- Une dérive autocratique et ploutocratique qui conduit l’Amérique au bord du gouffre

- Une destruction possible de l’Otan, extrêmement dangereuse pour l’Europe

- Au final, au lieu du Make America Great Again, la pente d’un Make America Fall Irrelevant Again.


4. L'Europe à la croisée des chemins

Face à cette situation, l'Europe se trouve confrontée à un choix existentiel le plus important depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.


La première voie est celle de l'accommodement - accepter les demandes russes, abandonner progressivement l'Ukraine, et espérer que l'appétit de l’ogre Poutine sera satisfait de concessions territoriales. Cette approche, qui rappelle dangereusement les années 1930, conduirait inévitablement à la dislocation du continent européen soumis État par État à l'influence russe. L’acceptation par l’Europe avec un “lâche soulagement” d’un cessez-le feu négocié entre Trump et Poutine au détriment de l’Ukraine, par la cession de territoires, la neutralité forcée, le désarmement partiel et l’éviction du Président Zelensky signerait cette soumission, de même que l’abandon des enfants et des populations déportées.


La deuxième voie est celle d’un engagement bien plus fort pour l’Ukraine couplé à une autonomie stratégique européenne. Cette option exige un réarmement massif, une augmentation substantielle des budgets de défense (vers 3-4% du PIB), et une solidarité sans faille avec Kyiv.

Nous n’y sommes pas. Les Européens parlent d’envoi de contingents pour garantir un cessez-le-feu, pas pour renforcer et protéger l’Ukraine dès maintenant afin de forcer Poutine à taire ses armes. Ils restent dans la logique de Trump qu’ils ont peur de bousculer, Ils restent dans la logique du “non-escalatoire” même s’il y a des signes positifs comme l’esquisse d'une coalition des pays volontaires qui va au-delà de l’UE.


L'Europe est une grande idée, mais elle ne peut se construire qu’autour d’une coalition pour l’Ukraine. Cette voie demande une vision à long terme. Mais c'est la seule qui préserve les valeurs et la sécurité européennes.


Le grand historien allemand et défenseur de l’Ukraine, Karl Schlögel, dans son récent essai, nous rappelle que ce qui se joue à Kyiv, c'est l'avenir de l'Europe. Il l’a fait, en rappelant le texte célèbre de Milan Kundera ”L’Occident kidnappé” à propos de la révolution hongroise de 1956 écrasé par les chars soviétiques. Non les chars russes ne viendront pas à Paris ou même à Berlin, mais tout aussi grave, c’est l’idée d’Europe qui est en jeu en Ukraine.


La lutte de l'Ukraine est notre lutte. Sa résistance est notre protection. Sa vaillance doit être notre inspiration.

 
 
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